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Le Blog parmi les blogs (mais en mieux)
3 juin 2013

Lettre aux riches de France

Bonjour Lecteur,

Je veux bien commencer ce mois de juin. Le commencer par un sujet fédérateur, un sujet qui fait du bien au moral ... nan j'déconne. Je veux remuer le couteau dans la plaie ouverte depuis le début du quinquennat bien pensant, je veux parler aux riches, Lecteur.

Un petit problème se pose, néanmoins. Je ne suis pas vraiment sûre d'avoir des riches dans mes lecteurs ... Des pauvres, oui, des classes moyennes aussi, beaucoup,  mais des riches ... Pas grave, j'ai la faiblesse de croire que cet article fera le tour du net et tombera entre les blanches mains de Liliane Bettencourt (enfin, son majordome), ou encore Monsieur Arnault ou Monsieur Bolloré (d'ailleurs, si vous lisez, merci de répondre à mon invitation sur adopteunmecriche.com).

On en parle beaucoup aujourd'hui, des riches. Chacun a sa petite vision du riche, pour les uns, c'est celui qui vit en arrivant à tomber à 0 à la fin du mois, sans passer par la case découvert, pour d'autres c'est celui qui part au ski en février pendant les vacances scolaires, ou encore pour encore d'autres, celui qui travaille tous les jours et donc qui a un salaire (oui, c'est ça qui est bien quand on bosse, on nous rémunère. Bosser pour la gloire, on a essayé, ça a pas marché). Je vois tous les jours sur le net des phrases du style "les gens détestent les riches", "il ne fait pas bon être riche en France" (alors, rassure toi, pauvre non plus c'est pas la panacée).

 

Pour moi, un riche, c'est quelqu'un dont je n'arrive même pas à dire d'une traite le chiffre qu'il déclare à la fin de l'année. Celui qui a 4 ou 5 baraques à son actif, celui qui est capable de dépenser ton salaire en une note de resto. Bref, c'est celui qui ne se pose jamais la question du "et ça , c'est combien?" (enfin, sauf quand il s'agit de payer ses salariés car là, le riche sait se servir de sa calculette) (oui c'est un cliché que j'assume) (oui, le riche est souvent patron).

Et bien, à celui là, de riche, je veux lui écrire cette lettre.

Cher riche,

Je me présente, je suis Emilie, représentante des riches de la classe moyenne pauvre (au royaume des aveugles, les borgnes sont rois). Je suis un pion de la France d'en bas. Je bosse (comme toi), tous les jours (comme toi), je pars en vacances (ah non, ça c'était avant).

Je voulais t'écrire cette lettre parce que je suis bien consciente que tu es victime de stigmatisation ces temps-ci. Tu souffres, et je te comprends. Tu te sens visé par ce gouvernement, qui ne tape que sur toi, parce que tu n'es qu'un sale riche. Tu vis en France pourtant, tu paies des impôts, tu vis en bon père de famille sans poser de problèmes à personne. Tu en as marre que les gens te reprochent cet argent, que tu as gagné honnêtement à la sueur de ton front (et un peu celui de tes employés quand même), en prenant des RISQUES; oui, ces fameux risques qui ont fait ta richesse, mais qui feront peut être ta pauvritude demain.

Tu t'es peut être reconnu dans ce mouvement des geonpi, ces entrepreneurs qui se sont rebellés contre les taxes notamment sur les plus values lors de la cession d'entreprises.

J'ai compris tout ça. Je ne suis pas ironique, je t'assure. Je comprends cette amertume, car en effet, les riches, les grands patrons et même les patrons de PME sont le socle de l'économie et de la consommation (oui, puisqu'ils créent des emplois). Je comprends aussi que quand on a fait de grandes études, quand on sacrifie ses week-ends, peut être sa vie de famille (ça, c'est plus pour les PME, quand même), on a envie d'avoir le retour de manivelle, c'est à dire les revenus qui vont avec. Par conséquent, quand un gentil Président vient nous taper dessus et réclamer toujours plus, ça devient pénible et on a envie de prendre ses jambes à son cou (surtout que ledit Président ne respire pas la misère).

Donc, je voulais te dire à toi, le riche, que je compatis. Moi, pauvre, je compatis. Tu imagines l'effort d'empathie que j'ai du faire sachant que j'ai du annuler mes vacances, faute de moyens ?

Alors je vais te donner un tuyau, gratuit : l'empathie, ça marche dans les deux sens. Tu aimerais que les gens soient moins jaloux de toi et comprennent les raisons de ton mécontentement ? Ok, alors intéresse toi un minimum à la vie de ceux qui travaillent pour toi ou qui aimeraient juste avoir un job. Intéresse toi à ceux qui certes ne subissent pas de matraquage fiscal mais qui ont perdu dans leurs salaires la partie qui leur permettait d'avoir un peu de loisirs de temps en temps (les fameuses heures supplémentaires). Prends le temps de te pencher sur les problèmes de pouvoir d'achat.

On ne respecte jamais autant un riche que quand il s'intéresse à ceux qui ne le sont pas.

Je ne te demande pas de vider ta bourse et résoudre la faim dans le monde. Je te conseille juste de donner la même considération au commun des mortels que tu souhaiterais avoir de sa part. Donnant - donnant.

Parce que, tu vois, pour reprendre l'exemple des geonpi : lorsqu'ils ont été reçus par le Ministre des Finances, je ne crois pas qu'ils aient bataillé pour le pouvoir d'achat de leurs salariés. Et c'est bien dommage, parce que si ça avait été le cas, je pense que ceux-ci leur en seraient reconnaissants. Parce que quand ce sont les salariés qui manifestent, ce sont de "sales syndicalistes" qui obtiennent rarement gain de cause.

Je conclue en t'assurant également d'une chose : celui qui défend les classes moyennes et par extension les pauvres n'est pas forcément de gauche. La justice n'est pas l'apanage de la gauche, on peut croire au patronnat vertueux. On peut avoir l'illusion qu'être chef d'entreprise et juste est possible. Moi j'y crois.

Cher riche, unissons nos forces pour défendre ensemble l'esprit d'entreprendre et la revalorisation du travail, l'arrêt du matraquage fiscal et la défense du  pouvoir d'achat. Nous ne sommes pas les uns contre les autres, nous devons être partenaires. Tous les salariés ne sont pas des tires-au-flanc jaloux de ta réussite, tout comme tous les chefs d'entreprise ne sont pas des sans-coeurs avides de pouvoir.

Bien à toi.

PS : petit chiffre qui peut illustrer mon propos : 0,5 % de la population se partage 35 % de la richesse mondiale (source : FMI). Je crois que tout est dit ?

 

Cette lettre s'adresse au riche honnête. Au riche malhonnête, je lui dis ceci : pars, toi et ton argent, personne ne te regrettera. A nous, il nous reste l'estime de nous, et ça n'a pas de prix.

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  • Description courte ? Alors OK. Moi blogueuse de la République, je commenterai absolument tous les sujets sans aucune objectivité. Mes écrits n'engagent que moi, ma conscience et mon clavier. Tu n'es pas obligé de lire, mais si tu le fais, c'est sympa!
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