Lettre à Mr Le Premier Ministre
Salut Lecteur !
Ca fait quoi, 6 mois que nous ne nous sommes pas parlés ?! (genre on a des conversations et tout..)
Tu sais quoi Lecteur ? J'ai décidé de dépenser 4,60 € et d'envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception à Jean-Marc Ayrault. Oui, voila, je suis comme ça moi, j'envoie des lettres.
Et comme tu sais que je ne te cache rien Lecteur, en voici la teneur.
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Monsieur le Premier Ministre,
C’est la première fois que je prends la plume pour écrire à un membre du gouvernement, ou même à une personnalité politique. Je ne donne pas dans le sensationnel, dans le buzz, et j’ai l’habitude de dire ce que je pense par la voie des urnes d’abord, et ensuite à travers mon blog.
Je me permets aujourd’hui de vous écrire à vous, directement, pour exprimer non pas un mécontentement partisan, non pas une opposition subjective parce que je ne suis pas militante socialiste, mais un RAS LE BOL profond, un vrai, à tel point que je me demande si ce sont pas les prémices d’une dépression.
J’ai cru comprendre, Monsieur le Premier Ministre, que vous étiez quelqu’un issu de la classe ouvrière moyenne, la même que moi donc ; la France des gens qui travaillent pour un salaire moyen mais qui participent à l’économie du pays. Je pense donc que vous pouvez aisément comprendre ce qui va suivre.
Tout d’abord, je suis consciente de la responsabilité qui vous incombe en tant que Premier Ministre, et du poids de la tâche. Si nous étions en débat télévisé, vous me diriez probablement que tout ce que l’on vit aujourd’hui est « la faute à Sarkozy », je sais, vous l’avez-vous et vos lieutenants, déjà dit maintes fois. Il va d’ailleurs falloir penser à changer d’argument, qui commence à devenir obsolète, un an et quatre mois après l’élection de François Hollande. Je ne pense pas beaucoup m’avancer en disant que les Français en ont marre d’entendre cela. Ils veulent des réponses claires, nettes et précises.
Monsieur le Premier Ministre, je suis une citoyenne typique trentenaire de la classe moyenne basse. Je travaille pour un peu plus que le SMIC (1.385 € net par mois) , mon mari également (1.750 € de moyenne net par mois sur l’année), nous avons deux enfants à charge. Nous avons les 125 € d’allocations familiales qui tombent tous les mois, et jusqu’à présent nous étions remboursés de la moitié environ de ce que nous coûtait l’assistante maternelle. Bref, une famille « lambda ».
Depuis l’élection de François Hollande, nous avons perdu sur tous les tableaux :
- D’abord avec la suppression du dispositif défiscalisant les heures supplémentaires. Je perds 85 € par mois, mon mari 120 €. Je vous laisse faire le calcul de ce que nous avons perdu sur l’année, je n’ai pas le courage de le faire.
- Les cigarettes (pourquoi ne pas rembourser les dispositifs permettant l’arrêt du tabac en compensation ?)
- L’alcool (Et oui, boire une bière en terrasse faisait partie de nos petits plaisirs estivaux, qu’il a fallu laisser tomber)
- Les produits sucrés, type sodas (je revendique le droit de ne pas forcément manger cinq fruits et légumes par jour)
- L’augmentation prochaine de la TVA, alors que François Hollande avait bâti une partie de sa campagne électorale sur l’anti TVA sociale voulu par Nicolas Sarkozy.
- L’augmentation des tarifs de l’électricité
Je vous passerai les détails sur l’augmentation perpétuelle du carburant, des prix à la consommation, etc.
Alors, Monsieur Le Premier Ministre, si je prends mon exemple, ce n’est pas pour venir réclamer sur mon petit cas personnel. Il s’agit simplement d’illustrer ce qu’est vraiment la classe moyenne, ceux qui sont trop pauvres pour quitter le pays comme certains, mais ceux qui se lèvent tous les matins pour aller travailler, et sur qui on tape en permanence.
Je ne vous tiendrai pas le discours du « les chômeurs gagnent plus que nous, ils vivent mieux que nous », que l’on entend si souvent. Mais je vous avouerais quand même, Monsieur le Premier Ministre, que j’y ai pensé. Oui, j’ai pensé à devenir pauvre par intérêt. Parce que, dans un sens, je le suis, pauvre, mais je n’arrive pas à en vivre. Tous les mois, je finis à 0, je ne parviens pas à mettre le moindre euro de côté. Vous allez me dire que j’ai de la chance, je ne termine pas comme certains à découvert. Oui, mais, est-ce normal de ne pas pouvoir vivre de son travail ? Est-ce normal de se dire qu’on se lève tous les jours et qu’on ne tombe jamais malade (oui parce qu’on a pas les moyens de s’arrêter) pour ne même pas pouvoir payer des vacances à ses enfants ou faire les réparations de la voiture sans avoir à payer en dix fois ?
Certes, Monsieur Le Premier Ministre, j’ai quelques dépenses futiles, que ne peuvent pas se permettre les vrais pauvres, les plus démunis. Il est vrai que je pourrais rogner sur mon téléphone portable, sur l’abonnement Internet ou sur quelques petits restos ça et là que je m’accorde de temps en temps. Mais enfin, vraiment ?? Mais pourquoi aller travailler alors ?? Voilà la vraie question : QUEL INTERET, l’estime de soi mise à part ? Qu’est ce qui m’empêcherait de me mettre au chômage et de toucher mes indemnités, et ensuite le RSA, qui ne permettraient sans doute pas de mieux vivre, mais au minimum de profiter de mes enfants sans me tuer la santé ?
Jusqu’à présent, il y avait un avantage à aller travailler : on pouvait devenir propriétaires de son logement. C’était ma source de motivation, me dire que, voilà, si je me levais, c’était pour ça. Aujourd’hui, j’entends que vous réfléchissez à taxer les propriétaires occupants. Et là, je ne comprends plus. Voulez-vous vraiment nous étouffer ? Si j’ai choisi de m’endetter sur 25 ans, c’est pour espérer ne plus avoir de mensualités de crédit à payer lors de ma retraite, qui à l’heure actuelle, est incertaine tant sur sa date que sur son montant. Vous allez nous retirer cela, aussi ?
Monsieur Le Premier Ministre, entendez ce que la classe moyenne dit, écoutez nous. Nous sommes ceux qui consommons, qui faisons tourner l’économie. Les riches dépensent ailleurs, et vous le savez bien. Aujourd’hui, nous sommes démoralisés, vous avez entendu les « geonpi », entendez-nous aussi. La crise de confiance est telle, et le moral si bas, que les frémissements de reprise ne se concrétiseront pas si vous continuez à nous inventer une taxe par jour. Je vous le répète : NOUS N’EN POUVONS PLUS.
Je rajouterais pour finir que la plupart de ceux qui nous gouvernent ne connaissent pas le prix d’une baguette de pain. Tous ou presque sont déconnectés de la réalité. Je pense qu’aucun d’entre vous n’arriverait à vivre avec le SMIC, et même le double. Pensez-y. Dites vous que c’est un vrai tour de force d’arriver à vivre correctement aujourd’hui sans avoir fait de hautes études (je précise par ailleurs que j’ai quand même un BAC + 2, et mon mari un BAC + 6). J’espère d’ailleurs que mes enfants auront la chance d’en faire, sauf qu’à l’heure actuelle, je ne sais pas comment je pourrai les payer.
Monsieur Le Premier Ministre, je vous remercie de l’intérêt que vous aurez porté à ce courrier, et je vous prie de croire en l’assurance de ma parfaite considération.
Millie Wan Kenobi"
On me dit dans l'oreillette que signer avec un nom issu de Star Wars ne fait pas très sérieux... Dommage. Pourtant j'avais pas mis "bisous" à la fin.
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